Vous avez vu ce mot sur une annonce de rencontre où quelqu’un vous a proposé un plan Chems ou Chemsex. Mais vous ne savez pas qu’il se cache derrière ce terme. Qu’est-ce que le Chemsex ? Quels produits sont utilisés ? Quels sont les risques et comment se prémunir ?
Il s’agit d’une une pratique où se mêlent drogue et sexe. Les adeptes sont de plus en plus nombreux, surtout au sein de la communauté homosexuelle masculine. C’est un mot anglo-saxon qui se compose de Chem pour chemicals (produits illicites ou drogues en anglais) et sex pour sexe. Les Chemsexeurs se retrouvent une soirée ou un week-end pour consommer de la drogue afin de décupler le plaisir sexuel.
Le Chemsex existe depuis les années 1970/1980. Mais avec le développement d’internet, trouver un plan Chems est devenu plus simple. Les substances se commandent facilement sur le web et on trouve des partenaires de jeu en quelques clics sur les sites de rencontres. À deux ou plus, les soirées peuvent se transformer en marathon sexuel de plusieurs jours.
Cocaïnes, Crystal Meth, kétamine, GHB ou encore 3 MMC sont des drogues que l’on retrouve le plus fréquemment dans les soirées Chems. Elles sont plébiscitées pour leur caractère stimulant et euphorisant.
La plupart des produits sont consommés sous forme de poudre à sniffer. Mais certains adeptes vont plus loin en optant pour le slamming, qui consiste à s’injecter des substances par voies intraveineuses. Avec cette seconde méthode, le plaisir et la désinhibition sont décuplés.
La consommation de drogue va donner une autre dimension aux rapports sexuels. La désinhibition va amener le Chemsexeur à aller plus loin dans les pratiques sexuelles (comme le fistfucking par exemple). Des sensations nouvelles vont apparaitre, augmentant ainsi le plaisir. Les performances sexuelles sont augmentées, permettant des rapports plus longs (de plusieurs heures à plusieurs jours).
En dehors des produits dits illicites, certains combinent drogues et produits érectiles (comme le Viagra par exemple). Le but recherché est d’être encore plus performant ou pour palier à des troubles de l’érection causés par la consommation intensive de produit.
La prise de substance n’est pas sans danger. Bien-être, euphorie et performance sont les effets immédiats, qui sont bien vite remplacés quelques heures ou jours plus tard par la descente. Ce retour à la réalité peut être brutal pour certains : mal-être, angoisses, fatigue ou insomnie, lassitude… Il est donc important de savoir se mettre une limite et de pouvoir dire stop.
La drogue rend accro, et le Chemsexeur peut vite tomber dans la toxicomanie. La prise de produit ne se limite plus aux soirées Chemsex. La personne peut commencer à consommer chez elle lorsqu’elle est seule, après une journée stressante. Et elle augmente petit à petit les doses ou fait des mélanges pour retrouver un état de bien-être. Mais elle tombe dans la spirale infernale de la dépendance et elle se retrouvera en difficulté pour en sortir si elle ne contrôle pas. À long terme, ce n’est plus l’euphorie, le sentiment de plénitude qui gagnent. Déprime, solitude, violence, rejet, désocialisation, fatigue ou bad trip s’installent petit à petit, pouvant amener à des idées noires et au suicide. Le corps en subit également les conséquences. Des problèmes cardio-vasculaires, aux reins et au foi peuvent apparaitre chez le consommateur.
Lorsque l’on pratique le Chemsex, on est davantage exposé aux maladies sexuellement transmissibles, comme le VIH, hépatite A ou B ou encore la syphilis. De manière consciente car on a confiance en son ou ses partenaires de jeux ou sous l’effet de la drogue, la tentation de laisser le préservatif de côté est grande. Mais ce n’est pas le seul moyen de contracter une de ses maladies. Le matériel utilisé lors de la prise de drogue, comme une seringue, est un vecteur de transmission.
Le recours à différentes substances lors des rapports ont un impact sur la sexualité du Chemsexeur. D’une part, plus il consomme de la drogue et moins il est performant (impuissance ou encore une panne pendant les rapports). Ensuite, il ne conçoit plus le sexe sans drogue. Pour certains, la drogue fait partie des jeux sexuels et du plaisir qu’ils ressentent. Ils n’arrivent plus à avoir des rapports ou se sentent incapables de le faire en étant sobres.
Enfin, il y a un dernier risque dont on parle peu, mais qui existe : celui de la relation sexuelle non consenti ou du viol. La consommation de stupéfiants à forte dose peut rendre une personne complètement inapte à répondre et se défendre. Et certains profitent de l’état de cette personne pour avoir un rapport sexuel, qui n’est alors pas consenti par les deux partis.
Si vous avez été exposé ou que vous pensez l’avoir été, vous n’êtes pas sans solution. Vous pouvez vous rendre aux urgences hospitalières ou contacter l’association AIDES qui va vous écouter et vous orienter dans vos démarches. N’attendez pas et faites cela rapidement après le rapport à risque (maximum 48 heures). Vous aurez un dépistage et un traitement post exposition (TPE) au VIH, VHB et éventuellement VHC. Si vous avez contracté une maladie, notamment le VIH, un traitement (ARV) et un suivi seront mis en place.
Si vous sentez que vous n’arrivez plus à vous fixer de limite ou que vous vous sentez mal dans votre peau, confiez-vous à votre entourage qui pourra vous accompagner et vous soutenir. Si vous ne souhaitez pas leur parler ou que vous ne pouvez pas, ne restez pas seul. Contactez une association ou encore Drogues Info Services. Ils vous écouteront et vous orienteront vers des services dédiés. Vous pouvez également contacter un addictologue avec qui vous pourrez faire le point sur votre situation. Il pourra mettre en place un suivi et un protocole de sevrage en fonction du degré de dépendance.
Félicitation !