« Dans une tribune parue dans Le Monde du 9 janvier et intitulée « Loi sur la prostitution : “Dépénaliser serait une catastrophe” », des médecins abolitionnistes se croient experts de nos vies, en particulier « sexuelles et relationnelles », qu’ils ne connaissent manifestement pas. Très préoccupés par l’état de nos bouches, vagins et rectums, ils nous qualifient de « personnes achetées ».
Ils rapportent également les propos d’un gynécologue tirés d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), faisant état de nos « vulves déformées » et de nos « vagins cicatriciels », amalgamant des cas de violences extrêmes avec l’ensemble des travailleuses du sexe, comme si une activité sexuelle régulière pouvait détruire nos appareils génitaux. Cela prêterait à rire, si ce n’était pas autant pris au sérieux. »
Hier matin, le Conseil constitutionnel examinait en audience publique la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) portant sur la pénalisation des clients des travailleuses-eurs du sexe instaurée par la loi d’avril 2016. Sa décision est attendue le 1er février.
Nous arrivons presque au dénouement d’une bataille engagée depuis juin dernier : attaque par 9 associations, dont Aides, et des travailleuses du sexe du décret relatif au stage de responsabilisation des clients condamnés. La non réponse du gouvernement à cette attaque a ouvert la possibilité de déposer devant le Conseil d’Etat une QPC sur la pénalisation des clients. Le 12 novembre, le Conseil d’Etat a jugé sérieuse notre QPC au regard de trois principes à valeur constitutionnelle (le droit au respect à la vie privée, le principe de nécessité et de proportionnalité des peines et le principe de la liberté contractuelle et de la liberté d’entreprendre). Il l’a donc transmise au Conseil constitutionnel qui l’examine aujourd’hui.
Ces derniers mois ont été marqués par l’intense mobilisation des tenants de l’abolitionnisme par voie de presse et de tribunes n’hésitant pas à user de fausses informations et de manipulation de chiffres. Leur levée de bouclier pour défendre la loi d’avril 2016, considérée par les abolitionnistes sur le papier comme la plus aboutie et devant faire modèle, montre leur fébrilité. Cette levée de bouclier montre aussi que nous visons justes. Cette loi ne fonctionne pas -le rapport gouvernemental sur le bilan de ses deux ans se fait toujours attendre- et est contreproductive dans l’accompagnement des travailleuses-eurs du sexe, pour leur santé, leurs droits et la lutte contre l’exploitation et la traite des êtres humains.
Félicitation !